
Pour son service militaire, le photographe Alexander Aksakov a été envoyé dans le nord de la Russie. Avec lui, il a emporté un Smena, appareil photo en plastique datant de l'ère soviétique. Autrement dit d'une qualité déplorable vis-à-vis des standards professionnels. Il a utilisé cet objet modeste pour tenir un journal de son année de conscription. Portraits de camarades, interminable hiver, ennui, manœuvres, plaisir de réchauffer ses mains à un feu de bois. L'ordinaire de la vie de soldat. Le Smena produit des images légèrement floues, mal exposées. Une esthétique lomographique (1) qui, loin du fun et de l'hédonisme prôné par l'entreprise autrichienne, fonde sa cohérence dans la mélancolie de l'auteur enrôlé à contrecœur et dans l'encrage géographique du projet, sur les ruines de l'utopie soviétique. La réalisation de l'ouvrage est une merveille d'artisanat haut de gamme. Les six cahiers et les deux plats de couverture sont cousus main de manière savante faisant de chacun des 150 exemplaires du livre un objet unique. 365 est publié par Akina qui, en un an d'existence, a publié une douzaine de purs objets de bibliophilie en éditions très limitées.
Alexander Aksakov, 365, Akina, relié, 100 pages, édition limitée à 150 exemplaires numérotés. Conception graphique : Valentina Abenavoli
(1) La société Lomography tire son nom du Lomo un mythique appareil soviétique dont elle a entrepris l'importation en Occident peu après la chute du Mur. Elle a réussi à créer une communauté en usant du concept –déjà existant– de photographie lo-fi, en multipliant les événements marketing et festifs (Lomowalls) et en propageant l'idée que tout un chacun est artiste, pour peu que la forme l'emporte sur le fond. Elle a ensuite multiplié les rééditions d'appareils jouets (toys camera) des années 1960-70
Allez voir ailleurs !
Présentation du livre sur le site d’Akina.
Le site d’Alexander Aksakov.
Celui de la Lomography.