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Anders Petersen CITY DIARY / SOHO


Ouvrir une enveloppe portant la mention manuscrite "City Diary". Y découvrir trois cahiers artisanaux gorgés de photos et plonger dans la vie intime d'un inconnu. C'est à cette fiction qu'invite Anders Petersen. Fiction que constitue toute démarche fondée sur l'autobiographie. Et même, si l'on y songe, toute construction photographique de quelque ampleur. (1) C'est donc dans la position du voyeur que Petersen choisit de placer son lecteur. Et le voyeur a de quoi satisfaire sa compulsion : City Diary est un compendium des obsessions du photographe. Nu, sexe, gueules cassées (dont celle de l'auteur dans un autoportrait), viande, reliefs de repas, scènes de rues ou de bars, animaux (chiens, chats, poissons). Humour et métaphores aussi. À la vue d'un sexe féminin offert, il fait succéder la représentation d'un félidé. De nombreux objets turgescents font office de verges quand le couvercle d'une poubelle à verre ne peut qu'évoquer un orifice. Cette crudité est sans vulgarité, car portée par le noir et blanc et le regard troublant de Petersen sur les choses de la vie.

Certaines photos ont pu paraître précédemment dans From Back Home, French Kiss, Sète # 08 ou ailleurs. On reconnaîtra tel corps, tel visage, tel animal ou pour certains le kiosque à journaux de Strasbourg-Saint-Denis. Cela n'a aucune importance. C'est l'agencement des images, leur succession, leur mise en page à fond perdu sur papier mat, l'odeur de l'encre, bref leur emploi en tant qu'éléments constitutifs d'un hypothétique journal (une idée autour de laquelle Petersen tourne depuis longtemps) qui font de City Diary une indispensable fiction photographique. D'autres volumes sont annoncés "mais seulement lorsqu’ils seront prêts". Ils sont déjà attendus avec impatience.


Parallèlement à City Diary, Anders Petersen publie Soho fruit d'une résidence initiée par la Photographers' Gallery. L'action se situe dans le quartier central de Londres où la galerie, mais aussi Mack, l'éditeur du livre, ont leurs locaux. Difficile d'imaginer présentations plus différentes du travail d'un même auteur par un même graphiste, ici le fameux Greger Ulf Nilson. Nul doute pourtant que certaines photos de Soho nourriront un prochain City Diary tant on y retrouve le goût d'Anders Petersen pour l'étrangeté du quotidien, pour le leitmotiv du delta dans la construction des images, et pour les juxtapositions : masculin-féminin, animé-inanimé, humain-animal, noir-blanc.


Anders Petersen, City Diary, Steidl & Gun, trois volumes, couverture souple à rabats, piqué metal et dos toilé, 64 pages chacun, réunis dans une enveloppe cartonnée. Conception graphique : Greger Ulf Nilson

Anders Petersen, Soho, Mack & The Photographers’ Gallery, relié sous couverture toilée avec embossage, 124 pages. Conception graphique : Greger Ulf Nilson


(1) Lewis Baltz : “Il serait plus utile, même si pas forcément plus vrai, de penser la photographie comme un espace étroit et profond entre le roman et le film.” In Lewis Baltz Rules without Exception, réed. Steidl 2012.


Allez voir ailleurs !

Le site d’Anders Petersen, celui de Steidl et celui de Mack.

Celui de la Photographers’ Gallery.

City Diary chez ChroCnique.

Rapide revue de Gröna Lund de Petersen réédité en 2009 par Aman Iman et conversation avec JH Engström où il est question d’Anders Petersen.

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