
Ontem n'était déjà pas un livre facile. Il y était question de pauvreté, de déglingue, de sexe, de corps usés par la vie. Avec Rien, André Cepeda radicalise encore son propos. Si la question documentaire, bien que marginale, se posait parfois dans son ouvrage précédent, elle disparaît désormais totalement, au profit d'une approche purement plastique, expérimentale. "Que peut la photographie ?" est sans doute la question ici posée. Pour cela, Cepeda abandonne la séduction de la couleur en faveur du noir et blanc. Les cadrages se resserrent. Les coups de flash sont violents. Certaines photos frôlent l'abstraction. D'autres semblent des sculptures : une boîte de bois, des tuyaux, un néon. Pourtant, les préoccupations du photographe demeurent : le corps nu, vulnérable, abîmé, les non-lieux. Malgré cette rudesse accrue, André Cepeda ne laisse pas son spectateur sans repères. Tel un fil d'Ariane, apparaît dès les premières pages un câble électrique. Ce motif court tout au long du livre. Rien est un cri silencieux.
André Cepeda, Rien, Pierre von Kleist Editions, couverture souple, reliure suisse, 58 pages. Conception graphique : Pedro Nora
André Cepeda, Ontem, Le Caillou Bleu, reliure toilée avec photo en embossage, 120 pages. Conception graphique : Atelier Pedro Falcão.
Allez voir ailleurs !
Le site d’André Cepeda.
Celui de Pierre von Kleist et celui du Caillou Bleu.