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Christian Patterson REDHEADED PECKERWOOD


Redheaded Peckerwood est basé sur une histoire à la Bonnie & Clide. C'est celle d'un couple de teenagers du Nebraska, Charles Starkweather, 19 ans et Caril Ann Fugate, 13 ans. Le 21 janvier 1958, Starkweather se rend chez Caril Ann. Là, au terme d'une dispute, il assassine le beau-père, la mère et la demi-sœur de sa petite amie. Après être restés quelques jours sur les lieux du carnage, les deux jeunes gens prennent la route et assassineront encore sept personnes. Au terme de leur procès, Starkweather sera condamné à mort et exécuté sur la chaise électrique. Fugate, elle, écopera de la prison à perpétuité. Ce fait divers a inspiré de nombreux artistes américains, de Terrence Malick à Bruce Springsteen avec sa chanson Nebraska. C'est d'ailleurs la vision du film Badlands de Malick qui a donné à Christian Patterson l'envie de se pencher à son tour sur ce sujet. Ce détour par une œuvre préexistante est emblématique de la démarche réflexive, subtilement pensive du photographe américain.



Si les enjeux sont bien différents (fait divers d'un côté, Histoire du XXe siècle de l'autre) la stratégie qu'utilise Patterson n'est pas sans évoquer celle que déploie parfois un Daniel Blaufuks. L'un comme l'autre multiplient les matériaux, les points de vue afin de produire des récits qui ne puissent être univoques. Christian Patterson a collecté les documents d'époque : lettres écrites par le couple meurtrier ou photos de presse. Certains sont reproduits en fac-similés encartés dans le livre. D'autres prennent place dans le corps de l'ouvrage. À ces archives, Christian Patterson adjoint ses propres photos à la chromie très particulière, mélange de chaud et de froid. Le photographe a refait le parcours de Starkweather et Fugate. Une bonne part de la force de ce travail tient au fait qu'il n'est jamais littéral. Patterson photographie des maisons abandonnées, des détails, des graffitis sur un mur, des paysages sous la neige, un coin de chemin, une grange en feu. Si l'on comprend que tout cela se relie à l'histoire, on ne sait jamais exactement comment. Et ce ne sont pas les légendes elliptiques, regroupées en fin d'ouvrage, qui peuvent éclairer davantage le lecteur qui ne connaît que les grands traits de cette affaire. À ces deux premières strates, documents trouvés et paysages, Christian Patterson en adjoint une autre en représentant en "packshot" des objets qui d'une façon ou d'une autre doivent se rattacher à l'histoire. Briquet Zippo allumé, marteau, paire de santiag ou château de cartes semblent choisis pour leur pouvoir d'évocation. À ces multiples niveaux de lecture, il faudrait encore adjoindre la représentation d'impacts de balles ou d'anciennes publicités pour tenter de rendre justice à la démarche délibérément fragmentaire, mais au fort pouvoir évocateur de Christian Patterson.


Christian Patterson, Redheaded Peckerwood, Mack, relié, couverture cartonnée, 164 pages, inclus trois fac-similés et un livret. Conception graphique: Christian Patterson.


Allez voir ailleurs !

Le site de Christian Patterson et celui des éditions Mack.

L’article que nous avons consacré au Terezin de Daniel Blaufuks.

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