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David Goldblatt TJ, Johannesburg Photographies 1948-2010


Le 11 janvier dernier à la fondation Henri Cartier-Bresson, un journaliste, un peu inquiet, demandait à David Goldblatt : "Êtes-vous photojournaliste ?" Réponse du maître sud-africain : "Non, je suis photographe, je fais toute sorte de photos. Ces mots vous définissent et je ne veux pas être défini." Ce goût absolu pour la liberté et ce refus d'enfermer les gens dans des cases traversent toute l'œuvre du photographe.


Depuis 1948, Goldblatt témoigne sans relâche de la complexe réalité de l'Afrique du Sud. Tiré de l'ancienne numérotation des plaques d'immatriculation "TJ" vaut abréviation de Transvaal, Johannesburg. La ville où vit David Goldblatt. Cette ville, il dit n'avoir jamais voulu en faire le portrait car trop diverse, trop fragmentée. Aussi, TJ se présente-t-il comme une succession de carottages de la réalité politique, économique, judiciaire ou architecturale de la ville et non comme un ensemble totalisant. Le tout étalé sur 60 ans. Par exemple, en 1966, Goldblatt observe la structure sociale et raciale de la mine d'or de City Deep. En 1967, il fixe les automobilistes pris dans les embouteillages. Au début des années 1970, il prend ses quartiers à Soweto. En 1976-1977, il note les conséquences sur la population indienne du Group Areas Act, l'une des principales lois racistes de l'Apartheid.


Tout récemment, en 2010, il propose à d'anciens criminels de revenir sur les lieux de leurs méfaits. Là, il les photographie et recueille leur histoire. Ces images sont bouleversantes par la capacité qu'a Goldblatt a saisir les instants d'abandon de ces "ex-offenders". Ce moment où, songeurs, ils semblent revivre l'instant du crime. Bouleversant également, le récit des vies qui ont conduit à ces drames. Cette dernière série est emblématique de la manière de travailler de Goldblatt. À ses photos préexistent une interrogation, une volonté de comprendre. Ici, la question de la relation entre faillite du système éducatif dans l'après-Apartheid, chômage endémique (25% de la population) et taux de criminalité effarant. Ce n'est qu'ensuite que Goldblatt élabore un dispositif de prise de vue. Sans doute est-ce ce soubassement intellectuel, cette capacité à se réinventer d'un projet à l'autre, mais aussi l'éloignement géographique, à la fois de l'Europe et des États-Unis, qui fondent l'extrême singularité et cohérence de l'œuvre de Goldblatt.

David Goldblatt, TJ, Johannesburg Photographies 1948-2010, Contrasto, broché, 316 pages.

David Goldblatt, TJ, 1948-2010, exposition à la fondation Henri Cartier-Bresson jusqu’au 17 avril 2011. Fondation HCB, 2, impasse Lebouis, Paris 14e.

Exposition David Goldblatt à la galerie Marian Goodman, 79, rue du Temple, jusqu’au 19 février 2011.


Allez voir ailleurs !

Le site de David Goldblatt qui vaut pour son laconisme.

Le site de la Goodman gallery.

Celui de la fondation HCB.

Et celui de la galerie Marian Goodman.

Lire l’article de Lunettes rouges.

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