
JH Engrström & Margo Wallard : 7 DAYS ATHENS NOVEMBER 2011
En novembre 2011, Engström et Wallard se rendent en Grèce pour y diriger un stage. C’était le moment ou Papandreou envisageait un référendum sur le maintien du pays dans la zone Euro et où les manifestations rythmaient les journées. Dans la confusion ambiante, le workshop est annulé et les deux photographes se trouvent une semaine désœuvrés à Athènes. Ils décident alors de représenter ce qu’ils observent dans les rues de la ville : les forces anti-émeutes omniprésentes, les protestataires, la pauvreté, les rues jonchées de débris. 7 Days Athens November 2011 est le journal de bord de cette expérience. Les photos granuleuses, imprimées à fonds perdus et tramées en rouge transmettent la sensation d’urgence et de violence. Dans un intéressant jeu de miroir, le livre est en quelque sorte le fac-similé de la maquette conçue par Engström et Wallard (1). Il en conserve jusqu’au dos toilé et la reproduction du titre manuscrit sur une bande de papier adhésif.
JH Engström & Margot Wallard, 7 Days Athens November 2011, Super Labo, 56 pages, relié. Édition limitée à 500 exemplaires. Conception graphique : JH Engström & Margot Wallard.
(1) Maquette que JH Engström m’avait montré lors de notre rencontre en novembre 2011.
Nicolas Descottes : COLLISIONS
Dans divers pays d’Europe, Nicolas Descottes a photographié des centres de recherches sur la gestion des catastrophes. Devant son objectif, simulations d’accidents de la route, de crash aérien, explosions. Le sujet, pas si éloigné des préoccupations d’un Raphaël Dallaporta, dévoile des réalités sociales et scientifiques peu connues et rarement vues. Si certains objets sont vrais (les voitures notamment) ou réalistes, d’autres sont de grossières représentations comme des jouets surdimensionnés (les avions, les hélicoptères). D’un point de vue photographique, ce travail suscite d’intéressantes réflexions autour de la notion de véracité de la représentation. Quelle est la vérité de l’image quand ce qui est montré est une fiction, par exemple. Formellement, Collisions, auto-édité par Nicolas Descottes, joue des codes contemporains du livre brut. Il se présente sous un emboitage de carton ondulé et le dos du livre laisse apparent colle et coutures. On regrettera seulement le choix de maquette qui oblige à tenir la reliure horizontalement et non pas verticalement comme traditionnellement. Cela ne facilite pas la concentration sur les photos.
Nicolas Descottes, Collisions, auto-édité, broché sous emboitage, non paginé (env. 60 pages), édition de 1000 exemplaires. Conception graphique : Sandra Schmaltz.
Rafal Milach : IN THE CAR WITH R
In the Car with R est un “road trip“, le récit d’un voyage en Islande effectué par le photographe et Huldar Breidfjörd. La singularité de l’ouvrage, cela est perceptible dès le titre, (le R désignant Rafal Milach) est d’être un livre à la troisième personne. Dans ses notes de voyage, Breidfjörd s’interroge constamment sur les propos tenus par le photographe sur sa pratique, ou sur ses motivations lorsqu’il descend de voiture pour réaliser une photo. Ces textes créent une distanciation par rapport aux images. Et le lecteur, contrairement à la plupart des livres de photo où l’on s’immerge dans l’univers du photographe, voit les images à travers le prisme de l’écriture. Rafal Milach de son côté représente paysages, personnes croisées où détails d’intérieurs. Malgré la multiplication des formats, (films instantané Fuji, Hipstamatic, etc.) les photos ont une vraie cohérence et une beauté laiteuse.
Formellement, In the Car with R, publié par le museum in Gliwice, est un objet séduisant mais par trop sur-maquetté (over-designed dit-on en anglais) pour le style brut de décoffrage, fait à la maison avec des bouts de ficelle choisi. Le bloc de feuilles n’a pas de dos et laisse voir, suivant une mode désormais un peu lassante, les coutures et la colle. Sur ce dos, une bande de tissu imprimée mentionne le nom de l’auteur et le titre. Ce bloc est en outre inclus entre deux plaques de carton dur formant couverture. Le premier plat supporte deux bandes de papier collées et imprimées d’une écriture manuscrite et le deuxième plat une photo en embossage. Le tout est maintenu par deux élastiques rouges. Un poster vient compléter l’ensemble. Tant de détails raffinés sont ici incohérents. Le graphisme, dans le livre de photographie, outrepasse son rôle quand de la mise en valeur du travail de l’auteur il tourne à la virtuosité pure, voire au marketing.
Rafal Milach, In the Car with R, Ed. Museum in Gliwice, broché avec plats cartonnés, élastiques et poster, 160 pages. Édition limitée à 700 exemplaires. Conception graphique : Ania Nalecka / TBD.
Allez voir ailleurs !
Les sites de JH Engström et de Margot Wallard. Celui de Super Labo. Conversation avec JH Engström.
Le site de Nicolas Descottes. Conversation avec Raphaël Dallaporta.
Le site de Rafal Milach.