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Geoffroy Mathieu Bertrand Stofleth PAYSAGES USAGÉS


À l'occasion de Marseille 2013, capitale européenne de la culture, il a été décidé de créer un sentier de grande randonnée périurbain, le GR 2013. Adoptant la forme d'un huit, il suit les lisières de l'agglomération marseillaise. D'Istres, à l'ouest de l'étang de Berre, au massif de la Sainte-Baume à l'Est et de Salon-de-Provence au Nord, à Marseille au Sud, il s'étire sur plus de 300 km. Avant son ouverture au public, les photographes Geoffroy Mathieu et Bertrand Stofleth ont pris l'initiative de documenter ces paysages. Manière pour eux d'interroger la pratique contemporaine des Observatoires du Paysage : dans le cas présent, ce sont les photographes qui ont choisi les lieux de prise de vue et non un commanditaire. La commande publique du Centre national des arts plastiques qu'ils ont ensuite reçue vaut assurément validation de leur projet artistique. Assez ironiquement pourtant, ce soutien officiel inscrit ce projet personnel dans la tradition de la commande d'état qui court de la Mission héliographique à celle de la Datar.


Paysages Usagés se présente sous la forme de 100 cartes postales et d'une carte géographique indiquant le tracé du GR 2013 ainsi que les lieux de prise de vue. Le tout est inséré dans une boîte de carton léger. Elle évoque ces pochettes contenant des photos de monuments que l'on ramenait d'un voyage à Lourdes ou à Strasbourg dans les années 1950 ou 60.


En parfaite cohérence avec leur projet, Mathieu et Stofleth adoptent un style documentaire, voire topographique. Les cadrages sont frontaux, la profondeur de champ maximale. Nul affect, nul lyrisme. Impossible de savoir lequel des deux a pris la photo. Sur le fond, quelques magnifiques paysages provençaux presque vierges et beaucoup de banalité vernaculaire, fort parlante toutefois. Lotissements, résidences ou HLM témoignent de la valeur sociale de l'espace. Centres commerciaux, usines, décharges ou terrains vagues, de sa valeur économique. Autoroutes vibrantes de circulation ou voie ferrée à l'abandon sont le signe de l'évolution des voies de communication. Parkings sauvages ou bassins de rétention reflètent les deux formes de l'accaparement du territoire : l'une anarchique, l'autre planifiée par la force publique. Ainsi, Paysages Usagés peut se lire comme une réflexion en images sur les enjeux sociaux, économiques, historiques ou politiques du paysage. Sur chacune des photos, une fine ligne blanche indique le tracé du sentier de randonnée. Outre sa valeur informative, elle paraît une œuvre de land art virtuelle. Symbole de la ligne de crête sur laquelle les deux photographes évoluent.


Au verso de chaque carte postale sont portées des informations de localisation très précises : nom du lieu, date et heure, latitude et longitude. Elles doivent permettre de prolonger le projet durant dix ans. Les photographes se réservent 30 lieux et, dans une démarche participative, proposent au public de prendre en charge les 70 autres sites.


Paysages Usagés, Geoffroy Mathieu & Bertrand Stofleth, Éditions Wildproject, 100 cartes postales et une carte géographique sous emboitage cartonné. Édition limitée à 250 exemplaires numérotés.


Allez voir ailleurs !

Le site, très bien fait, dédié au projet.

On peut commander Paysages Usagés en écrivant à lespanoramistes@free.fr.

Le site de Geoffroy Mathieu et celui de Bertrand Stofleth.

Le site de l’éditeur Wildproject.

Pour ceux qui auraient envie d’aller randonner en Provence, le site du GR 2013.

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