
Gerry Johansson jouit chez les amateurs d'un culte discret, mais tenace. Pontiac s'intègre à un cycle consacré à des villes et des pays. Ont déjà paru Amerika, Sverige, Kvidinge, Ulan Bator, et aujourd'hui Pontiac, tandis que Deutschland est attendu dans les prochains mois. Ces livres ont tous le même format, 24 x 17 cm et sont composés de 6 x 6 noir et blanc reproduits à la dimension de 9 x 9 cm. Le protocole éditorial ne pourrait être plus strict. De livre en livre, la cohérence des images de Johansson est également remarquable. Pontiac est une ville de l'agglomération de Detroit. C'est ici que fut créée la compagnie General Motors qui y lança la marque automobile Pontiac. Le Pontiac de Johansson s'ouvre par une page de données démographiques et économiques. On y apprend entre autres que les Noirs sont majoritaires dans la population. Qu'entre 2000 et 2010 le taux de chômage est passé de 7% à 31%. Que près de 5000 maisons sont vacantes.
Bref, Pontiac est un portrait de ville à l'heure de la crise de l'industrie automobile américaine. Pour autant, Johansson, né en 1945, est à mille lieues des jeunes Marchand et Meffre qui avec The Ruins of Detroit célébraient avec romantisme la poétique de la ruine. Le photographe suédois est un marcheur qui arpente les rues. Sa pratique le situe quelque part entre Robert Adams, en moins lyrique, et Lewis Baltz. Pour poursuivre les analogies, Pontiac évoque par moment The Pond de John Gossage. Rien de spectaculaire ici. Johansson pointe son objectif vers de multiples maisons abandonnées. Les herbes folles ont envahi les jardins. De nombreuses églises affichent des slogans sur leurs façades. Parfois, le photographe choisit de montrer un même bâtiment sous deux angles différents. Des motifs se répondent. Des poteaux électriques ou des troncs de bois semblent des sculptures. De rares personnages apparaissent ici où là. Les quelques voitures photographiées sont à l'arrêt. Ces images sont pleines de silence. Mais au final, par ce vide et cette immobilité, Johansson parvient avec une grande économie de moyen à témoigner de la fin d'une époque.
Gerry Johansson, Pontiac, GunGallery / Mack Books, reliure toilée avec 2 photos en embossage, 160 pages.
Allez voir ailleurs !
Le site de Gerry Johansson.
Celui de la GunGallery et celui de Mack Books.
L’article que nous avons consacré à The Ruins of Detroit.