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Henry Wessel WAIKIKI


De tous les photographes ayant participé à l'exposition New Topographics en 1975, Henry Wessel est peut-être celui qui, en dehors de son œuvre de paysagiste, s'est le plus attaché à la représentation de la figure humaine. Et ce, dans un style que l'on pourrait qualifier de "street photography". De quoi ranger au panier ces expressions trop commodes. À moins d'accepter d'admettre qu'elles se contentent de recouvrir des positionnements stylistiques voulus par les photographes. À partir de 1975, Wessel photographie à Waikiki, la célèbre plage d'Honolulu à Hawaï. Masochisme pourrait-on penser. Ou plutôt, à l'instar d'un Lewis Baltz photographiant sur des décharges publiques, conscience que c'est à partir du trivial que l'on peut produire du sens. À Waikiki, Wessel s'intéresse aux loisirs balnéaires et livre un discours sur la société de consommation. Passée une première image idyllique de cocotiers se balançant devant la mer, apparaît immédiatement l'aspect construit des plaisirs de la plage. Dès la page tournée, on observe que les cocotiers sont bordés par un trottoir où un colosse fait son jogging. Ce rapport entre nature et urbanisation est la toile de fond de Waikiki. Buildings ou tables de pique-nique y sont omniprésents.


C'est dans ce décor de sable et de béton qu'Henry Wessel observe les occupations des vacanciers. Ils marchent au bord de l'eau, se baignent, s'allongent ou s'asseyent, font leur jogging. Mais de ces loisirs qui devraient produire de la joie, du plaisir se dégage essentiellement une sensation d'ennui, de solitude. Ce n'est que dans les scènes de baignade que transparaissent l'euphorie, le plaisir d'être ensemble. Dix ans avant The Last Resort de Martin Parr, Wessel constate le désenchantement de la consommation. Pourtant chez lui nulle ironie, nulle dramatisation. Avec ses noirs et blancs presque pâles, il se contente d'observer ses modèles dans l'espace public. Et c'est là où ces "street photographs" sont l'exact revers des paysages "New Topographics" : on y voit l'effet que produit sur les hommes un paysage altéré par l'homme*.


Henry Wessel, Waikiki, Steidl, relié avec une photo en embossage, sous jaquette, 60 pages. Conception graphique : Henry Wessel, Gerhard Steidl, Duncan Whyte.


*Photographs of a Man-Altered Landscape (Photographies d’un paysage altéré par l’homme) était le sous-titre de l’exposition New Topographics.


Allez voir ailleurs !

D’autres photos sur le site de Steidl.

D’autres sur celui de AD.

L’article que nous avons consacré au livre New Topographics et un autre consacré à Candelstick Point de Lewis Baltz.

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