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Martin Boyce : A PARTIAL ECLIPSE


Lorsque des artistes œuvrant principalement avec d'autres médiums s'emparent de la photographie, ils ne s'embarrassent généralement guère de supposés styles ou canons. Tout occupés sont-ils à en explorer la plasticité, à l'adapter à leur propos. Liberté et inventivité sont alors bien souvent au rendez-vous. Ainsi de Gabriel Orozco (Photographs, Steidl, 2004) ou aujourd'hui de Martin Boyce. Lauréat 2011 du Turner Prize, celui-ci réalise principalement installations et sculptures. Son travail se fonde pour une bonne part sur une réinterprétation de concepts clefs du modernisme. La notion de grille notamment que l'on trouve dans l'architecture, le graphisme ou la peinture (Mondrian). Le fonctionnalisme est également l'un de ses axes de recherche à travers les meubles de Jean Prouvé. La nature construite figure tout autant à son programme. Il réactive, par exemple, sous forme d'installations lumineuses, les arbres de béton conçus en 1925 par les frères Martel en collaboration avec l'architecte Rob Mallet-Stevens.

Logiquement, les photographies de Martin Boyce se focalisent sur les formes, la matière et explorent les mêmes thématiques que ses œuvres en trois dimensions. Ainsi, une façade d'immeuble, typiquement années 1960, aux fenêtres circulaires est-elle un motif récurrent aux variations subtiles. Les grilles, telles qu'elles peuvent s'observer dans l'environnement quotidien, sont tout aussi fréquentes : treillage, bouche d'aération, façade nocturne ou carrelage. La nature prise dans un cadre urbain revient également en leitmotiv. Forme et matière sont au cœur de la construction de A Partial Eclipse. Le titre reflète le traitement donné aux photographies. Celles-ci sont volontairement sous-exposées de telle sorte que ne subsistent que des valeurs de vert et de gris. Le livre est imprimé sur un papier particulier. La face sur laquelle apparaissent les images évoque un papier photographique RC glossy. Le verso est mat et vert. Le montage du livre en quatre cahiers au nombre de pages irrégulier (8 pages de texte puis 12 + 12 + 16 + 8 pages) crée une rythmique où les pages vertes, tantôt à gauche, à droite ou en doubles pages forment une respiration, comme un silence dans une partition musicale ou un vide dans une grille. Par delà sa parfaite cohérence formelle, A Partial Eclipse embrasse des thèmes absolument contemporains de manière allusive dans une poésie du quotidien.


Martin Boyce, A Partial Eclipse, Mack, reliure toilée avec photo en embossage, 56 pages.


Allez voir ailleurs !

D’autres vues du livre sur le site de Mack.

Portrait de Martin Boyce dans le Guardian. Video sur le site de la Tate.

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