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Une conversation avec Pieter Hugo


Photographe sud-africain, Pieter Hugo a atteint une reconnaissance internationale en 2008 avec  The Hyena and Other Men. Immense succès, pour ce livre aux quatre tirages. Auparavant Pieter Hugo  avait déjà publié Looking Aside et Messina / Musina. Depuis il  a réalisé Nollywood et le tout récent Permanent Error. À l’occasion du Fotobook Festival, rencontre à Kassel avec un auteur qui tente de redéfinir les représentations de l'Afrique.


Dans ton premier livre Looking Aside (2006) tu fais le portrait d’albinos, d’aveugles, de personnes âgées. J’ai le sentiment que la différence t'attire. Que tu veux forcer le spectateur à regarder ce qu'il n'a pas envie pas voir ?

Ce premier livre s’est développé de manière très organique. Tout vient de mon désir de voir. La série des albinos est le point de départ. L’idée de les photographier m’attirait énormément même si ce n’était pas très construit. J’étais très jeune et c’était une manière pour moi de trouver ma voix. Mais dès le départ je me suis intéressé à la marginalité de ces personnes qui vivent à la périphérie de la société. Je voyais ces situations comme une métaphore de la société elle-même. Le développement organique du projet s’est poursuivi en photographiant les aveugles. Les regarder revenait à mettre à distance ma propre vision : je regarde et je sais que je ne peux pas être regardé en retour. Ensuite, l'idée de la série sur le grand âge vient de ma grand-mère, qui figure elle-même dans le livre. Elle est morte maintenant, mais elle vivait dans une maison de retraite. En lui rendant visite, je me suis rendu compte que c’était encore la même chose : des personnes placées en périphérie de la société et que nous refusons de voir.


Ton deuxième livre Messina / Musina (2007) est la description d’une communauté de déracinés dans une ville à la frontière du Zimbabwe. Tu y mélanges portraits et paysages. Quelle était l’idée de ce livre ? Que voulais-tu montrer ?

Ce projet est né d’une certaine manière par accident. Avec un ami journaliste, nous étions en chemin pour le Zimbabwe, pays en pleine implosion. Nous étions curieux de voir et de décrypter ce qui se passait là-bas. Mais, lorsque nous sommes arrivés à la frontière, mon ami avait oublié son passeport à Johannesburg.Et donc, nous n’avons pas pu passer au Zimbabwe. Nous étions bloqués à Musina, ville frontière côté sud-africain. Là, j’ai réalisé que c’était un lieu très intéressant. J’y retrouvais mon idée de périphérie. Si tu traces une ligne depuis Le Cap, Musina est le point le plus éloigné en Afrique du Sud. Parallèlement à ça, il y a là-bas une grosse industrie des diamants et une énorme industrie de la chasse…


Cet entretien a été repris dans mon livre Conversations où vous le trouverez dans son intégralité.

French and English version available.


Pieter Hugo au Fotobook Festival de Kassel. Photo Rémi Coignet

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