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Une conversation avec Pino Musi


Né à Salerne en 1958, Pino Musi, photographe autodidacte, vit à Paris. Son travail est présent dans de nombreuses collections publiques et privées dont la Fondation Rolla, la Fondation Sandretto Re Rebaudengo, ou la Fondation Fotografia di Modena. En 2012, sa série « Facecity » a été exposée à la biennale d’architecture de Venise. Son travail a reçu de multiples récompenses. En 1997 Mario Botta seen by Pino Musi conçu avec le graphiste Werner Jeker a reçu un prix à la Frankfurt Book Fair, En 2003, Libro s’est vu attribuer le Oscar Goldoni Award for Best Photography Book published in Italy. Depuis 2011, il enseigne à la Fondazione Fotografia di Modena dans le cadre du Master of Higher Education on Contemporary Image. Pino Musi est l’auteur de vingt et un livres à ce jour de 21 livres (à supprimer).


Inutile de le dissimuler, Pino Musi est l’un de mes meilleurs amis. C’est même une excellente raison, me semble-t-il, de donner à comprendre la force et la cohérence de son travail. Son œuvre mêle de manière étonnante une froideur, inspirée par le graphisme suisse et la photographie allemande, à une sensualité et une théâtralité toute méditerranéenne (j ‘ai ajouté des virgules car la phrase est très longue). On ne se refait pas même si on se construit. Qu’il photographie de l’architecture, des salles d’opération ou le paysage breton ces deux dimensions sont indissociables. Plus intéressant encore est le fait que le sujet, sans jamais être un prétexte, est au service d’une réflexion sur la représentation et sur l’espace. La notion de théâtre, toujours, est une base de son travail. Conversation dans ma bibliothèque à l’occasion de la parution de son nouveau livre Acre publié par GwinZegal.


Remi Coignet : Tu es originaire de Salerne près de Naples, j’ai l’impression que la scène artistique, notamment théâtrale, a été importante dans ta formation. Que se passait-il à Naples et à Salerne à la fin des années 1970 et dans les années 1980 ?


Pino Musi : Il y avait un ferment extraordinaire. L’université était étonnante. L’un des plus importants critiques d’art italien Filiberto Menna originaire de Salerne y enseignait. Il était vraiment l’une des plus importantes figures de la critique d’art en Italie. Autour de lui, une série de personnes partageait sa vision analytique de l’art, comme Angelo Trimarco et Achille Bonito Oliva. Ils ont évolué dans et en fonction de l’atmosphère culturelle de cette période. En plus nous avions à Naples l’une des plus importantes galeries au monde, la Modern Art Agency de Lucio Amelio. Il a été le premier, peut-être en Europe, mais assurément en Italie à montrer Joseph Beuys ou Andy Warhol. Autour de cette galerie évoluaient des jeunes gens talentueux. Mario Martone faisait des performances extraordinaires. Plus tard il est devenu un metteur en scène de théâtre et de cinéma très important en Italie. J’ai participé avec lui à une Biennale de Théâtre à Venise en 1982. Il réalisait une performance avec des acteurs dans la Scuola Grande di San Giovanni Evangelista et moi j’avais ma première expo qui s’appelait « Maschere e Persone » un travail sur les rituels populaires païens et religieux dans l’Italie du Sud.


RC : Et tu as fait un livre là-dessus, publié par la Biennale de Venise.


PM : Oui. Il y avait donc ce ferment et de plus, Salerne grâce à l’université et à Filiberto Menna avait un festival de théâtre expérimental, l’un des plus important, si ce n’est le plus important, en Italie nommé Rassegna Nuove Tendenze. Ils ont engagé un grand expert du théâtre d’avant-garde qui vivait à Rome et se nommait Giuseppe Bartolucci. Chaque été pendant deux semaines il animait ce festival de théâtre. On a pu voir les meilleures troupes internationales, le Living Theater, Peter Brook, Bob Wilson, Jérôme Savary, Tadeusz Kantor, Richard Foreman, Il Carrozzone de Florence, l’Odin Teatret d’Eugenio Barba, le premier Roberto Benigni, etc. Et moi, je faisais des photos de théâtre à cette période. Par ailleurs, j’étais en quelque sorte la mascotte d’une troupe de théâtre nommée TeatroGruppo qui s’intéressait à la fois à l’expérimentation théâtrale et à la découverte des traditions populaires. On avait un lieu, un souterrain où l’on se retrouvait presque tous les week-ends jusqu’à quatre ou cinq heures du matin. Il y avait là des gens intellectuellement vifs. Donc j’étais vraiment habitué à parler avec eux, à rester en groupe à dialoguer. Il y avait vraiment un ferment culturel qui est aujourd’hui devenu très rare mais qui a beaucoup contribué à ma formation. […]


Cet entretien a été repris dans mon livre Conversations 3 où vous le trouverez dans son intégralité.

French and English version available.

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